J’ai dessiné la Cathédrale de Strasbourg plus de 1500 fois. Sous tous les angles, des deux mains, en marchant, en tram, en bus, en voiture, appliqué, ou désinvolte, et je la dessine toujours. Dessiner, comme chanter et danser peut-être c’est répéter. Et pour que l’envie dure, il faut entretenir, créer une variété. Varier c’est faire durer. Donc, inventer sans cesse de nouveaux protocoles ce qui ne peut se faire sans travail, précis, particulier, attentif. Rester disponible a l’infini des occurrences d’un même objet, ce qui est plus facile avec la Cathédrale de Strasbourg il est vrai, qu’un grain de riz par exemple. Imaginez « 1000 vues d’un grain de riz ».
Au début, je voulais atteindre les 1000 vues, par défi. Je voulais atteindre ce but avec légèreté, bonheur, et sourire à l’arrivée.
Et je savais déjà que je ne ferai que le tour d’une tête d’épingle, que 1000 autres vues étaient possibles, et 1000 fois 1000. Comme le coureur de fond, le vrai effort est la gestion de l’effort, et ici l’effort c’est l’envie. L’envie est le moteur de chaque vue. Envie plus ou moins intense bien sûr, mais envie. J’ai élaboré quelques jeux avec mon « objet », pour mettre du piquant, pour entretenir la relation. J’ai par exemple dessiné près de 100 vues en quelques semaines, début 2013, après une relâche de deux mois peut-être… Puis j’ai pris beaucoup le bus, nouveau départ. La ligne 10 à elle seule offre des quantités de vues. J’aurais pu faire mes 1000 vues rien que depuis cette ligne de bus (la ligne 10 fait le tour complet du centre, à bonne distance de la Cathédrale).
Un dernier mot : tous ces croquis ou presque n’ont été faits qu’à l’occasion de mes « vrais » déplacements dans la Ville. Donc fatalement, certains points de vues sont devenus très récurrents. En cette fin de 2018, et depuis peut-être 4 ans, c’est la vue depuis la rue de l’Arbre vert, que je privilégie… avec sa forêt de cheminées.
Et puis, en 2020, le confinement (dont on dira quoi dans un an, dans dix ans ?), me fait dessiner la Cathédrale sur la rue de la Fonderie… je vous montrerai…
Dominique-Anne Offner
17 septembre 2018 at 22 h 20 min
Il faudra du temps et de la patience pour introduire toutes les « vues de la cathédrale » , tellement belles, surprenantes et ludiques… où était-il installé pour la voir comme ça ?
laurent
18 septembre 2018 at 8 h 12 min
Et d’autant plus que de temps en temps, la cathédrale m’oblige encore à la dessiner… je dois être à 1800 vues… dont beaucoup dorment dans des carnets…